30 avr. 2008

To the end

J'ai été absente du vivant, en retrait du tumulte ordinaire, égoïste de douleur sourde, empêtrée dans ma chronologie et mes révoltes. Tout me révulsait, et les gens et le monde, et les lieux et le temps. Je me suis accrochée à mon rire comme à un phare éteint, j'ai offert mon corps au soleil carnassier, ma gorge aux volutes acérées, mes tympans aux sons fabulateurs... chants des sirènes. J'ignorais si le temps pour moi seule s'était ralenti. J'observais, impassible, la trépidante accélération des mots qui perdent sens, la fuite des corps affairés, ne laissant que d'horizontales traînées floues. Mes larmes s'écoulaient hors du temps. Elles apparaissaient, rosée naissante, se gonflaient rondes et lentes quand mille abeilles, déjà, avaient bourdonnées. La matrice est vorace.
La gravité me rattrapait quand l'apesanteur m'arrachait. J'étais déchirée de perte, baignée d'une hémorragie d'absolu. Et pourtant je sais bien le cycle immuable, que tout est volatile et que tout est vain. Nous savons tous l'impermanence et ne pas jouer, c'est la refuser, et la refuser, c'est tricher. S'il faut bien un début, il faut bien une fin. Ne penser qu'à la fin tout juste au début, c'est refuser l'expérience immédiate de la joie, de la peine. C'est prétendre maîtriser l'espace, le temps, le risque. C'est ne pas prendre le risque de la vie.
Chacun conjure le réel comme il peut et ma manière à moi c'est celle la. C'est danser et bondir, fouler le sol avec frénésie, me réchauffer aux basses hypnotiques, me laisser bercer par les palpitations sonores qui défibrilent mon coeur et crépitent mon ventre. C'est ressentir l'animal, le charnel, le sang qui pulse, le sexe qui gonfle, le ventre qui réclame. C'est se pâmer, se liquéfier, se déconstruire pour aussitôt se rassembler identique et différente tout autant. Je m'abandonne et me gagne. Une petite mort pour défier la grande.
Toi et moi, jouons, jouissons en explosant les contours.
Fouillons nous à l'envi,
renversons nous à la folie,
frottons nous à l'abandon,
caressons nous à l'écorchure,
égratignons nous à la douceur.
Butchy Fem

1 commentaire:

Leïla a dit…

Superbe texte, BOUtchy Fem