Betty Monde

Je viens de lire "Betty Monde" de Coralie Trinh Thi. Coralie est une copine de Despentes, co-auteur de "baise-moi", actrice dans des films porno et des films longs et courts métrages. Elle est aussi critique pour "rock and folk" et écrivaine depuis 2002, date de son premier roman "Betty Monde".

Ce n'est pas un roman lesbien, bien qu'il contient une scène de baise entre filles dans les toilettes d'une salle de concert. Betty n'est pas gouine mais plutôt opportuniste sexuelle et ouverte aux possibles. c'est une folle de bites, elle milite pour la sodomie et est toujours en quête de plaisir sexuel immédiat et de corps à corps intenses.

Betty est chanteuse dans un groupe underground métal-punk-goth qui s'appelle "Betty Monde", sur scène elle met le feu, exulte, s'acharne et se branle. Son groupe est composé de garçons qui la protègent et la chérissent, c'est un peu la reine des abeilles dans la ruche des mâles. Sa bande lui dit que puisqu'elle "n'est pas une vraie fille", qu'elle jure comme elle respire, qu'elle aime l'alcool, le sexe et la drogue, elle est un pote pour eux... bien qu'en fait ses relations avec certains des garçons qui gravitent dans ou autour du groupe sont plus qu'ambiguës. Betty est aussi un peu sorcière, elle vénère la déesse mère, mais pas que. Elle est pleine de contradictions, elle aime la liberté d'action, de ton et de parole... son groupe va d'ailleurs en faire les frais.

Betty a un problème. Alors qu'elle cherche des relations basées sur le sexe, le plaisir, la liberté et rejette les notions de couple et d'engagement qui lui paraissent délétères, les garçons qui goûtent son lit et son ardeur en tombent amoureux. Et Betty, désemparée par son incapacité, par le comportement contradictoire des hommes qu'elle baise, par le prisme déformant des sentiments d'amour, de jalousie, de possession... prend la fuite jusqu'au prochain bon coup.

"Betty Monde" est un roman décadent comme j'aime, sur une fille qui cherche la liberté dans la provocation et le bouleversement des codes moraux et sociaux. Elle lutte contre les extrémismes fascisants, la bêtise des groupes religieux et des médias... et se retrouve paradoxalement étiquetée "Antéchrist nazie".

Sur la scène médiatique, aveuglée par les projecteurs déformants, Betty est transformée en icône satanique à abattre, sacrifiée sur l'autel des mass-média et en icône underground à baiser-idolâtrer, sacrifiée sur le lit des fans-à-tics. Proie et chasseuse tour à tour, Betty entraîne aux confins des expériences charnelles et spirituelles, plonge au coeur du milieu alternatif métal et électro (ça sent le vécu), questionne les notions de couple, de fidélité, de censure, de libertés individuelles. Un joli pavé dans mon été, j'aime les filles qui dérangent et qui démangent... encore et toujours.

Butchy Fem