Dans le bureau vide, au premier étage de la mairie de L, j'observe la rue, les rares passants emmitouflés dans leurs écharpes. J'observe aussi la nouvelle boutique, juste en face, au coin de la rue. C'est une bijouterie toute dorée, décorée pour noël. C'est fabuleux d'observer sans être vue, le meilleur truc au monde... je suis une voyeuse, une pure matteuse. De ma fenêtre, je vois la vendeuse et sa cliente, leur buste, leurs mains. Leur visage m'est caché par le haut de la devanture, ça les rend anonymes, universelles. Affairée à ses comptoirs, la marchande sort ses colliers, ses bracelets. Elle montre, vante, expose ses bijoux à la cliente attentive et tentée. Le collier passe de la main de la vendeuse à la main de la cliente, à son cou. Elle essaie, elle se mire, porte la main à son décolleté paré. Soudain, il n'y a plus de vendeuse ou d'acheteuse, il y a deux femmes partageant l'intimité d'une boîte à bijoux, l'étincelle d'une matinée grise. Leurs mains se frôlent, complices. Une femme aide une autre femme à fixer le fermoir d'un collier dans la nuque. J'aimerais tant être cet objet ; ce collier palpé, tourné, retourné, attaché, détaché, caressé par leurs mains blanches et douces...
Butchy fem
3 commentaires:
C'est si joliment dit que j'ai l'impression de regarder un tableau !
thanks Miss Gecano!!
On dirait un scénario de court métrage.
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