31 mars 2008

Virée Nocturne au pays des gouines

Vendredi soir, mes gouinettes favories et moi-même avions décidé de sortir à la ville. Au programme, apéro-bouffaille, puis soirée de gouines « Rock’n’Nanas ».

Après avoir pris l’apéro dans un bistrot sympa, nous avons été manger dans une pizzeria où il y avait pleins de petits couples autour de nous. Le rosé nous rosa les joues et notre bagout en fut ravivé. Les quelques bières d’avant faisaient aussi leur effet. Nous étions bien. Nous parlâmes beaucoup car nous sommes très pipelettes, surtout Butchy Fem et Baby Dyke, qui s’enflamment lorsque l’on aborde certains thèmes. Nous nous sommes passionnées pour les sujets suivants : vagin, orgasme clitoridien, sodomie, sex-toys, symboles phalliques, genres…Nous avons même effarouché une grande blonde girafienne à la table d’à côté qui, du coup, n’arrivait plus à suivre la conversation de son boy-friend, qui, lui, parlait play-station, matchs de foot et famille. Une fois nos pizzas ingurgitées et notre pichet de rosé lippé, nous nous en fûmes vers le lieu fatidique de cette soirée de gouines.

Nous, on aime bien ce genre d'initiatives, enfin des gouines qui organisent des soirées ! On applaudit et on se déplace !! Bon, d’accord, y avait des nanas. Pour ce qui est du rock, on repassera. On était un peu décues.. Mais pourquoi les gouines ne passent elles jamais de la bonne musique ? Eternellement, les mêmes boums-boums fadasses des boîtes de nuit, de la dance à 3€50 le skeud, qui nous cassent nos petites oreilles de gouinettes, si fragiles et si sensibles au Boum qui fait Sproummm dans nos cœurs, aux vibrations qui font onduler nos bassins. Moi, d’avance, je reste scotchée à ma chaise, à boire des bières. Je peux pas aller danser. C’est trop naze. Baby Dyke, elle, esquive trois pas de danse sur la piste, histoire de dire qu’elle a participé, et revient en nous disant « nan, pff, je peux pas, c’est pas entraînant comme zik ». Butchy Fem baille et râle qu’elle veut aller à Montpellier, à la Villa Rouge, s’éclater sur la bonne zik électro, en live, avec des Djettes sexys, qui font des clins d’œil aux filles. On hésite à se taper les 7 heures de route de suite, juste pour la classe. Mais non, on est saoules.

Bref, nous finissons la soirée dans un bar lesbien, qui vient d’ouvrir. Je me sens toujours décalée dans ce genre d’endroit, comme si j’étais pas vraiment à ma place. Ou alors, faut que je sois bien saoule. Un groupe de nanas arrive, avec leurs deux potes. Les deux mecs se font refouler à la porte. "Les hommes sont interdits dans ce lieu" leur dit la serveuse et la patronne. Un petit boxon s’installe à la porte, ça me plait ça ! Enfin, un peu d’animation ! On suggère aux mecs de dire qu’ils sont lesbiennes mais ça ne marche pas. Après des négociations, ils peuvent boire un verre mais doivent partir après.

Moi, je suis toujours mal à l’aise avec cette idée d’interdire l’accès aux mecs. Ou aux filles, car je me suis déjà retrouvée dans cette situation, d’être refoulé pour cause de genre féminin. Et ça m’a énervée. J’entends parfaitement les arguments avancés : « Pour une fois, un espace public réservée aux femmes. », « Au moins on se fait pas emmerder, ni brancher », « On peut s’embrasser, on est entre nous, pas de crainte du regard social. » Cela s’entend parfaitement. Mais bon, même si cela est peut être nécessaire, ça interroge donc toujours sur la place des femmes et le rapport hommes-femmes, sur la visibilité lesbienne et sur le respect individuel. Ce besoin de repli sur soi-même révèle bien le combat encore à mener pour un espace public libre, tolérant et respectueux des lesbiennes, et plus globalement des femmes (dernièrement, une amie hétéro me racontait le nombre de fois où elle se fait siffler dans la rue et combien elle trouve cela révoltant et que ça lui met la haine). En même temps, ce repli fait aussi le jeu de l’invisibilité sociale contre lequel nous luttons. Nous devons modifier l’espace, nous montrer, nous respecter, nous faire respecter. Voilà à quoi j’ai pensé à 3h du mat’ vendredi soir.

Enfin, après, à 4h, le bar fermait. Butchy Fem, énervée comme tout, voulait, cette fois-ci, aller danser à Berlin, à la Love Parade avec les PDs, car eux, au moins, ne se couchent pas comme les poules, à 4h du mat !! Nous avons finalement réussi à la mettre dans la voiture ; nous l’avons ligotée et muselée et nous sommes rentrées à la maison. Dans la voiture, on a écouté Miss Kittin à donf, histoire de se rincer les neurones et les oreilles.



Pédée Sexuelle

6 commentaires:

Anonyme a dit…

Gniark gniark, vous êtes donc nantaises ... ça veut donc dire que ce n'est pas moi qui suis passée sous vos fenêtres, un bel après-midi (rapport à un précédent post, pour celles qui suivent pas)

Rapport à la mixité ou non ... ben, je sais pas, je sais plus. c'est complètement hallucinant comme tout le monde parle de ça (ça = féminisme et notions approchantes) partout en ce moment, sur le web. En fait, tout dépend de la façon dont elle est pensé (la non-mixité). S'il s'agit d'un refus bête et méchant (et finalement non pensé) de la gente masculine, c'est débile. S'il s'agit de la possibilité d'offrir aux femmes un lieu où y'a pas besoin de batailler et où il est possible de se créer une identité de femme forte prête à affronter le vaste monde, alors, ça se discute.

Anonyme a dit…

Ah ah ! qui a dit que nous étions nantaises ? Des fois, je vais a des teufs à Paris aussi, hein !! héhé !!

identité de femme forte ? je sais pas si cette identité se constitue dans un bar lesbien interdit aux hommes ? et qu'est qu'une identité de femme ? bon, ok, qu'est ce qu'une femme ? putain, il est 10h04! j'en parlait d'ailleurs avec une nana qui a vécu avec une F to M et visiblement c'état le bordel pour rentrer dans certaines boites ou bars interdits aux hommes ou aux femmes..Ce trans était pas entierement au bout de sa démarche et ne savait plus trop comment se situer des fois, face à ces interdits de genre. bon, voila ! Bonne journée !

Anonyme a dit…

mouais, je me suis mal exprimée. Disons une identité forte, tout court.
L'exemple que tu donnes sur les difficultés qu'ont parfois les trans à se faire accepter dans l'un ou l'autre "camp" fait justement partie de ce que j'appelle la non-mixité non-pensée et/ou intégriste.
Quant à savoir si c'est dans les bars que ça se joue, j'en suis pas complètement persuadée...

Bref, que des questions et des remises en question !

Anonyme a dit…

Je pense que la non-mixité est un espace unique où nous pouvons construire nos identités en étant détachées et libres de toutes pression ou projection de l'autre sexe, le lieu où nous pouvons nous réapproprier ce que nous sommes et l'affirmer librement. Nous avons le droit d'avoir nos propres espaces d'expression, de questionnement. C'est uniquement dans ce genre de lieu que nous pouvons réellement être libérées et innovatrices dans le questionnement et la transgression du schéma hétéro-patriarcal. Il est important de pouvoir exprimer nos voix sans être tenues au secret et nous devons réclamer que ce choix, cette possibilité existe. Par expérience je sais que dans ces lieux la prise de parole y est différente que dans d'autres lieux mixtes. Les réflexions, les témoignages à un niveau personnel et intime, la réflexion, notre regard sur la société ne pourraient être les mêmes si la mixité était présente. Et puis n'est-il pas légitime de vouloir vivre et partager des moments où nous n'avons pas à subir le regard de l'autre, à justifier de notre 'différence', d'être dans un lieu sécurisant où la parole peut s'exprimer sans crainte, dans un lieu intime où nous sommes en paix ?
Partout, nous sommes englouties par le masculin, même au sein de l'homosexualité. Il ne s'agit pas de rejet ou d'enfermement, mais véritablement de liberté, d'avoir cette possibilité. Ce sont des espaces qui certes peuvent être envisagés comme des refuges à un moment donné de nos vies, mais ils ne contraignent par à l'enfermement. Je les conçois plutôt comme des lieux de partage, d'échange, de construction, de questionnement entre lesbiennes. Ceci n'empêche aucunement d'avoir des luttes communes avec d'autres hommes ou gays. C'est simplement un choix, une possibilité à un moment donné. A l'image d'une maison où l'on invite parfois ses amies pour discuter entre nous et où à ce moment-là, on ne ferait pas entrer un étranger pour qu'il interrompe cette discussion. Cela ne nous empêche pas de sortir de la maison, de côtoyer d'autres personnes ou de vouloir changer le monde avec elles, ou eux. Même si cela peut être conçu comme un refuge temporaire, ne le pratiquons-nous pas toutes ? Se mettre un peu en retrait du 'monde' nous permet à toutes de mieux y revenir et là je rejoins le post précédent sur l'importance de pouvoir nous affirmer dans notre identité, car nous en avons une n'est-ce pas ? Cette crainte de partager notre idendité nous a été inculquée par l'anti-féminisme ambiant qui consiste à lyncher toute femme qui désire avoir un espace à soi en dehors du masculin, la peur des hommes de ces espaces collectifs féminins où ils n'ont pas droit de scéance, alors que de fait, les femmes sont exclues à tous les niveaux de la société, de l'espace public. S'organiser pour affirmer son identité et se construire, se battre ensemble, créer des liens solidaires est l'acte qui permet de pouvoir réclamer nos droits dans l'espace publique. C'est tout l'opposé d'un repli, d'un enfermement.
Nous devrions être les premières à nous battre pour que ces espaces existent et survivent malgré la pression qu'exercent les hommes, les gays et parfois également, les lesbiennes qui n'ont pas conscience de ce qui est en jeu lorsque l'on aborde cette question.
Une question d'identité, de liberté, de solidarité, de construction collective. ;-)

Merci pour votre visite sur mon blog, j'ai eu plaisir à parcourir celui-ci.

Misfit de Lezzone

Anonyme a dit…

Hey, je viens de relire ton comment, merci pour ton argumentation ! Je suis d'accord avec toi au fond, j'aime aussi pouvoir bénéficier d'espaces féminins, cependant que nous ayons besoin d'espaces de la sorte nous renvoie aussi à cette pression masculine de rester dans l'espace intime, dont tu parles (exemple de la maison et des invités), l'espace social serait réservé aux hommes, qui peuvent se permettre de faire chier des meufs et ainsi les pousser à se tourner vers la création de lieux intimes, non-mixtes. Comme ça ils ont toute la place publique. Mais l'important est la liberté de pouvoir créer et profiter de lieux lesbiens ou féminins, ce qui manque cruellement, où sont les lieux lesbiens ? bon, voila en gros, c'est une discussion intéressante et complexe ..a bientôt, byebye !

Anonyme a dit…

Bonjour ! ;-)

En fait je pense que loin d'être des lieux symboliques de l'oppression masculine, ils sont au contraire des lieux de subversion (puisque justement, le masculin n'y a pas sa place et que le combat pour un monde plus juste et égalitaire est bien présent). Le genre de lieu qu'ils s'évertuent à combattre par de nombreux moyens. Il suffit de voir quels genres de réactions suscite l'évocation de l'existence de tels lieux ou de constater quelles ripostes entraînent ces manifestations publiques. A voir la polémique autour, par exemple, de Cineffable à Paris ou du colloque à la mairie de Paris sur la visibilité/invisibilité des lesbiennes. Lorsque ces groupes de femmes ou de lesbiennes non mixtes restent dans la sphère privée, cela semble convenir à tout le monde. Lorsqu'une action de visibilité ou une démarche politique est envisagée, c'est un autre programme... Ces lieux existent, ils sont des associations de femmes ou/et de lesbiennes non mixtes, il y en a plusieurs en France. Et elles se manifestent dans des espaces publiques et sont actives et efficaces politiquement,au niveau national, ou international. Un véritable réseau d'échange, de soldarité et d'action a été créé. On est donc loin de petits espaces 'intimes'. ;-)
Je considère que c'est plutôt la réaction de nombreuses femmes et lesbiennes à l'égard de l'existence de ces lieux qui est symptomatique de l'effet de l'oppression masculine. La féministophobie reste bien ancrée.

Merci pour la discussion, à bientôt ! :-)