25 mai 2008

La flemme


De temps en temps, une incroyable flemme, une paresse incommensurable, me prend. D'où vient-elle cette flemme dévastatrice, cette envie d'inertie totale? Juste, je crois, d'un désintéressement au travail, d'une non-coïncidence entre ce que je suis, ce qui m'arrive, ce que je pense à certains moments et ce que je fais dans ce bahut. La plupart du temps, ça colle, parfois, il y a une telle opposition que ce n'est plus possible, et la flemme arrive.
Et elle contamine tout. La flemme m'amène à penser, plus que d'habitude, que se lever à 6h30 est une aberration, parce qu'en temps normal, c'est à peu près le milieu de ma nuit. Elle me fait arriver au lycée 30 secondes avant la sonnerie, regarder mes collègues comme de parfaits étrangers et les adolescents comme de parfaits extraterrestres. Si je ne suis pas au lycée, je traîne entre mon bureau et mon canapé, partagée entre l'envie de ne rien foutre et la culpabilité du travail non-fait. Je corrige un quart de copie, consulte un demi-cours, fixe une page de mon agenda d'un œil hagard pendant un quart d'heure, consulte mes emails professionnels toutes les cinq minutes et me répète, en une monomanie absurde, que je suis débordée. Oui, ça sert aussi à ça la flemme, à se sentir débordée, car quand vous ne faites rien ou presque pendant des jours, le travail s'accumule et ça n'apaise pas du tout votre sentiment de culpabilité.
Parce qu'il n'est pas question de ne vraiment rien faire, et si dans ces moments-là, je n'ai qu'une envie, c'est de rester étendue sur mon lit à penser à la vie et à ses sinuosités, à l'amour et à ses circonvolutions, au désir et à son étrangeté, je ne le fais pas ou je ne le fais pas bien et tout est gâché.
Quand je suis en cours, je n'ai pas le choix parce que si j'ai l'air de glandouiller en classe, en moins de 1 minute 30 top chrono, les élèves sont montés sur les tables, démontent les rideaux et décollent le carrelage pour les classes les plus jeunes ou entrent dans une torpeur profonde pour les plus âgées, torpeur dont il sera difficile de les faire sortir et je me ferais engueuler par le collègue qui les aura en cours après moi. Je n'ai donc pas le choix, pendant mes cours, je fais cours, je me débrouille avec les trois notes que j'ai prises la veille en catastrophe pour les préparer, en espérant que les élèves ne s'en rendront pas compte. Parfois même, j'oublie carrément mes affaires et là je me lance dans le vide sidéral de l'improvisation et, c'est à n'y rien comprendre, ce sont des cours vivants.
Le problème avec la flemme, c'est qu'elle me fatigue. J'ai été comme ça toute la semaine et ça m'a épuisée. Depuis hier, enfin, je me laisse aller à ma paresse, je lis de la poésie, j'écoute, immobile, en boucle, «Third» de Portishead, je me lève tard et je fais la sieste. C'est la belle vie.
Demain, c'est lundi, j'espère, je prie et je supplie, que ma flemme m'aura quittée.


Baby Dyke

5 commentaires:

Anonyme a dit…

t'avais pas la flemme d'écrire ce post ?? hihihi

Anonyme a dit…

Ben si carrément, tu sais bien...

Anonyme a dit…

moi en tous cas j'avais trop la flemme de le lire ! ais je suis d'accord avec toi, la flemme ça épuise mais au fond mon dicton c'est : la flemme n'existe pas : soit t'as envie soit t'as pas envie ! A méditer !!

ash a dit…

tu es prof de quoi? simple curiosité

Anonyme a dit…

De français, ash.
pédée, n'importe quoi, t'as fumé ou quoi?...