21 mai 2008

No fiesta !

Dans ma famille, on n’a jamais fêté la fête des mères pour raisons politiques. Ma féministe de mère nous rabâchait « hors de question qu’on fête l’ode à la mère-poule, la bonne ménagère au foyer qui élève ses enfants pendant que Monsieur travaille, est indépendant et a une vie sociale riche ». D’ailleurs, ancienne enseignante, elle n’a jamais participé avec ses classes à cette fête, comme il est coutume de la faire, tout en expliquant sa démarche aux enfants et aux parents.

Cependant, avec le temps qui passe et l’éloignement de ses enfants, je pense qu’elle attend le jour FDM, un signe de nous : un coup de fil, un bouquet de fleurs…Toute en contradiction. Une fois, j’arrive ce jour-là avec un bouquet de fleurs pour faire plaisir et je me suis fait engueuler « oui, fête pétainiste, qui pousse à la consommation, tu vas pas rentrer dans ce jeu…! » ! Une autre fois, je n’avais donné aucun signe de vie et j’ai bien senti que ça l’avait fait iech quand même…Pff, alors cette année, j’ai décidé que je ne participerai pas à la grande mascarade car au fond de moi m’a été inculqué, et je suis absolument d’accord, que la fête des mères, c’est une sale fête : « Fêtées un jour, exploitées toute l'année ».

Pourquoi ne pas profiter de cette journée pour militer pour un partage à égalité des travaux domestiques, ainsi que des soins aux enfants ? Les femmes passent quatre fois plus de temps à faire le ménage et deux fois plus à s’occuper des enfants ou d’un adulte à charge à la maison, que les hommes. Les femmes prennent en charge le quotidien, les tâches les moins valorisées, et les hommes ce qui se voit et ce qui dure. Les inégalités dans la sphère domestique ont des répercussions pour les femmes dans bien d’autres domaines où elles sont freinées, de la vie professionnelle aux loisirs, en passant par l’engagement politique ou associatif notamment. Alors, leur fêter leur dévouement de mère alors que ce n’est pas forcément un choix délibéré et que cela peut être vécu comme une inégalité et un frein à l’épanouissement personnel, eh bien moi, ça me fait mal, hein ! En plus, de nos jours, il y a toujours une certaine culpabilité sociétale face aux femmes qui ne sont pas mère, comme si c’était un truc chelou de ne pas procréer, comme si être une femme épanouie sous-entendait être mère...La fête des Mères vient aussi d'une politique nataliste et traditionnaliste. Toute femme doit reproduire, c'est notre fonction première ! Je peux ici faire un lien avec l'importance de la fête des mères dans les familles conservatrices et traditionnalistes et le même attachement de ces familles à lutter contre le droit à l'avortement et plus largement le droit des femmes de disposer de leurs corps.

Pourquoi ne pas en profiter pour dénoncer une fête mercantile à outrance, basée sur la culpabilité (si tu aimes ta mère, faut absolument lui acheter un truc…) et sur le dévouement (votre mère s’est tellement donné pour ses enfants et son mari, elle mérite bien un petit cadeau bordel !)? La publicité, avec ses clichés sexistes de la mère dévouée assurant toutes les tâches ménagères, a succédé à la propagande du régime de Vichy ; elle a mis en avant l'idéologie de la « reine du foyer », limitant le domaine d'action des « vraies » femmes à la maison ; tous les ans, au mois de mai, la fête des mères nous vante la « fée du logis » : acheter un balai brosse rose à votre maman chérie, ou bien la dernière passoire à infrarouge.

Pour souvenir, en 1806, Napoléon
tente de relancer la fécondité et, prône les vertus de la famille (pour repeupler la France et faire des soldats). Puis, en 1941, le régime de Vichy inscrit la Fête des mères au calendrier et des mouvements familiaux catholiques y associèrent instituteurs et institutrices. Pétain découragea aussi vivement le travail des femmes pour qu’elles fassent des enfants et la mère de famille, au foyer de préférence, fut exaltée lors de la fête des mères célébrée en grande pompe chaque année, avec cérémonies et décoration des mères de familles nombreuses.(Vous comprenez, en pleine guerre, il faut pondre de la chair à canon patriotique ! allez hop, allez y les mères, faites des gosses ! et puis, tant qu'elles sont à la maison, on peut les surveiller et les contrôler).

Donc, voilà, moi cette année, je vous invite à boycotter la fête des mères. Téléphonez à votre mère 2 jours avant pour lui donner le préavis de grève, lui expliquer le bordel. Pour moi, c’est un plus grand signe de respect que de ne pas fêter une fête opprimante et rabaissante pour les femmes et les mères.



Pédée Sexuelle

10 commentaires:

Anonyme a dit…

Je suis tout à fait d'accord avec toi... mais comment tu fais quand t'as une mère au foyer de droite bonne ménagère sous tous rapports qui comprend pas que tu sois lesbienne active feministe de gauche et sans enfant????????????? Pour ma mère c'est vraiment sa fête.......... alors on va fêter en famille et personne ne va relever que nous on ne fait pas partie des femmes comme ils disent...........

Leïla a dit…

Moi, je la lui fête ... parce que POUR ELLE, ce serait comme si elle était seule, si nous, ses enfants ne pensions pas à elle ce jour-là ... elle est conventionnelle et je ne veux pas la heurter ... tout ce qu'elle refuse, ce sont les cadeaux pourris du style "robot ménager" and co ... so now je lui offre des soins détente, des séjours hors maison ...

Anonyme a dit…

ah oui, mais c'est tres bien de faire des cadeaux à sa mère, mais pourquoi instaurer un jour précisement ? tu pourrais parfaitement lui offrir un soin détente ou un truc hors de chez elle, ce qui est une riche idée, un autre jour, elle serait peut-etre encore plus contente, la surprise jouant ! mais je comprends la difficulté à sortir de ce truc social hyper fort

Anonyme a dit…

Heu moi je suis obligée de sacrifier à la messe laïque parce que je suis la fem de katasandan et que donc je l'accompagne dimanche prochain.Quant à ma propre mère je suis trop contente de l'avoir pour nous toutes seules samedi soir... Elle ne passe pas souvent du temps avec nous... tous les alibis donc sont bons. Je sais c'est pas une raison...Bulledimage

Anonyme a dit…

bon je suis vraiment trop lamentable et mauvaise 'femme libérée" mais j'espere bien que mon fiston va penser à moi pour la fete des meres...

Anonyme a dit…

marilou : ne va pas t'autoflageller pour autant hein !

Bulle d'image : bah oui, c'est bien aussi parfois de passer du temps avec sa mother !
moi, je crois que je vais échapper au repas dominical de ma belle-famille...héhé !rien de prévu en perspective ...

Dirty a dit…

Ce que j'aimerais avoir le courage de ne rien offrir... ne rien fêter... c'est tellement ancré dans la tronche de nos mothers (sans doute lié aux mots d'amour qu'on leur faisait quand on était ptiots) que c'est très difficile de passer outre... mais moi cette année, un peu par la force des choses et aussi par flemme (j'ai la chance d'etre à distance de ma mère aussi) je vais juste envoyer une carte... peut etre que l'année prochaine, si j'y arrive, j'enverrai que le timbre... ;-)

Anonyme a dit…

Hum, moi je me vois vachement dire à ma mère "bon, maman, pour des raisons éthiques et politiques qui dépassent notre relation mère/fille, cette année, pas de fête des mères, pas de cadeau, rien. Il faut savoir sacrifier ses intérêts personnels pour faire la nique à cette société patriarcale et nataliste", elle penserait encore que j'ai trouvé un truc pour la faire chier!!

Butchy Fem

Anonyme a dit…

Ma mère, elle est très peu démonstrative, pas caline ni bisous pour 2 sous. On se voit toutes les semaines, mais les seules fois où l'on s'embrasse, c'est pour les annivs, le 1er de l'an et la fête des mères.

Je rejoins ton post, le côté pétainiste, mettre sur un piédestal les femmes qui enfantent, le côté mercantile, la femme vouée à être une bonne reproductrice, qui élève ses gamins, et dont l'existence entière est vouée à assurer le bien-être de sa progéniture et de son bonhomme, etc. J'exècre tout ça.

Cependant, la fête des mères, je crois que ça permet aussi aux gens très pudiques, d'oser une fois dans l'année, dire ou montrer à leur mère qu'ils les aiment. Moi, avec ma mère, c'est pas que j'ose pas, c'est qu'elle est hermétique à toute démonstration affectueuse. Et la fête des mères, c'est le 3ème seul jour de l'année où j'ai le droit de l'embrasser. ;-)
Le cadeau, je fais pas, pas envie non plus, mais les 4 bisous j'en profite. Parce que ce jour-là j'ai droit.

Quant à mes enfants, ils me la fêtent, mais uniquement parce qu'ils suivent le mouvement, et qu'ils le veulent, moi j'en ai rien à faire. Mais c'est vrai que je ne leur ai jamais expliqué non plus pourquoi ça me soule, cette fête (aussi), parce qu'ils le font avec tant de plaisir que j'ai pas envie de les casser. Tiens, ton post me donne envie de le faire. Je veux pas de cadeaux non plus. Tous les jours, ils me disent qu'ils m'aiment, et franchement, ça me ferait mal au coeur qu'ils me disent qu'ils m'aiment uniquement le jour de cette fête des mères, pour me remercier d'être une bonne mère (berk) qui prend soin d'eux, qui les élève et tout le bazar. On s'aime pour la qualité de nos relations et la tendresse qu'on se donne, avant tout. Et pas qu'un jour par an.

Anonyme a dit…

Chez moi on en a rien à foutre de la fête des mères, de Noël, des repas de famille et de toutes ces convenances, c'est free style...je commence juste à mesurer, à vous lire, la chance que j'ai.