26 mai 2008

Vagina dentata

Dans son "King Kong théorie", quand Despentes aborde le sujet de son viol, du viol, elle explique que les hommes arrêteront peut être de violer les femmes le jour ou ils auront peur qu'elles leur arrachent la bite avec les dents, ce qui est plutôt pas con comme théorie. Plus loin, elle dit "c'est étonnant qu'en 2006, alors que tant de monde se promène avec de minuscules ordinateurs portables cellulaires en poche, appareils photo, téléphones, répertoires, musique, il n'existe pas le moindre objet qu'on puisse se glisser dans la chatte quand on sort faire un tour dehors, et qui déchiquetteraient la queue du premier connard qui s'y glisse". Virginie, c'est chose faite!! Et oui, une certaine Sonette Ehlers a inventé le "rapex", une sorte de préservatif féminin dont les «épines» se plantent dans la peau du pénis du violeur. Une fois le violeur pris au piège, il ne peut pas se débarrasser lui-même de l'épineux fourreau et doit se rendre à l'hôpital où il sera d'emblée identifié comme criminel sexuel.
http://www.rapestop.net/index.asp
Quand Virginie dit que les femmes sont conditionnées à ne pas se défendre et ne pensent même pas à utiliser la violence physique en cas d'attaque sexuelle... je suis d'accord. Quand elle dit que les femmes victimes de viol n'utilisent pas le mot "viol" parce que dire qu'on a été violée, c'est aussi paradoxalement et injustement s'excuser d'être encore en vie et risquer d'être considérée comme une salope... je suis d'accord.
Répondre à la violence par la violence, pourquoi pas.
Mais alors l'idée d'utiliser le "rapex" pour défendre ma vertu, je suis pas d'accord.
D'abord, ce serait faire usage d'une violence passive que de me fourrer un piège à queue dans le vagin. Et déjà rien que l'idée de passivité, ça me va pas. J'ai pas envie d'équiper ma maison d'alarme anti-vol et pas non plus envie d'équiper mon vagin d'un piège à bite.
Ensuite, si le mec a entré sa queue en moi, et même s'il n'y est resté que 2sec30, chassé par la douleur, est ce que je ne vais pas avoir le sentiment d'avoir été violée tout de même? Ben si.
En plus, le viol, ce n'est pas seulement la pénétration vaginale. On peut être victime d'un viol par la voie anale et orale.
Et puis voilà un chouette système que celui qui joue avec la peur des femmes et qui les incite à adapter leur comportements face aux potentiels dangers de la société. On pourrait peut être aussi leur conseiller de plus porter de jupes trop courtes, ou plus de talons hauts?
Enfin, rien que l'idée de me dire qu'avant de sortir le soir pour faire la teuf, je vais devoir d'abord penser au risque que représente cette envie de liberté, et que je vais ensuite devoir penser à me piéger la foufoune, ça me débecte. Penser qu'on peut être violée en sortant le soir, penser à se piéger la chatte pour parer à tout danger, se penser en victime potentielle, c'est déjà s'amputer, se rendre objet et annihiler sa liberté et le plaisir qui en découle.
Voilà que le 21ème siècle incarne enfin le vieux mythe du "vagina dentata". Voici glorifiée la femme castratrice et paradoxalement passive dans l'acte de castration. Ce mythe est né dans le crâne des hommes effrayés par le sexe de la femme et tout ce qu'il implique de caché, de mystérieux et d'incontrôlable. Pourquoi se défendre des hommes en réalisant des objets qui incarnent leurs propres fantasmes?
Les autres gouinettes et moi, nous sommes allées voir le film "teeth", qui reprend ce thème du vagin denté. C'est un film indépendant américain s'inspirant du teen-moovie et de la série B. Ce mélange des genres pourrait être foireux, mais en fait non, c'est plutôt agréablement gore, drôle et plus subtil qu'il n'y parait. Le personnage de l'héroïne évolue parallèlement à la découverte et à la maîtrise de son pouvoir de castration.
Ce serait ça la vraie classe, être castratrice si je veux et quand je veux!!


Butchy Fem

7 commentaires:

Dirty a dit…

hey mais vous allez arrêter de me piquer mes posts ? j'ai vu Teeth ce we et je voulais en parler....
;-(

j'ai plus qu'à parler du dernier épisode de Lost... nul

ash a dit…

J'suis impressionnée!! Moi je n'aurais jamais osé mettre une photo de mon sexe sur mon blog...;)

Anonyme a dit…

désolée DWE de te piquer tes idées... j'ai été plus rapide, na!!Ceci dit rien ne t'empêche de faire un post sur teeth, au contraire, j'ai envie de savoir ce que t'en as pensé!! pis j'ai pas vraiment parlé du film en fait.

Et ouais ash, t'as vu, je suis armée de sacrées quenottes!!

Butchy fem

Dirty a dit…

En fait Boutchy, j'sais pas quoi en penser de ce film... parce qu'on part quand même de l'idée que la meuf a fait voeux d'abstinence jusqu'au mariage.. y a ce côté puritain américain qui me gonfle... mais l'histoire du vagin denté m'a assez fait marrer surtout quand on voit les morceaux de quéquettes ensanglantées... je pense que oui, c'est du gore sympathoche (quoiqu'on est quand même obligée de passer, parfois, par des scènes de viol, faut le préciser) mais j'y accolerai pas un côté politique, surtout que c'est un mec qui a fait le film (j'aurais sans doute eu une vision différente si c'était une femme)... sinon euh j'ai zappé des scènes parce que bon, c'est quand meme super gentillet

et vous, vous en avez pensé quoi ?

Les gouinettes poltronnes a dit…

On part en effet d'une meuf bien proprette qui a fait voeu de chasteté jusqu'au mariage et même si c'est pas vraiment un film engagé, c'est qd même une critique de l'amérique puritaine. Moi j'ai pas trouvé ça tellement "gentillet"... t'aurais vu dans quel état d'angoïsse était notre pédée sexuelle au moment des scènes fatidiques!! disons que j'ai trouvé ça féroce sous un aspect candide. La minette fini qd meme pas coucher avec son demi-frère dans le but de lui couper la bite. Derrière nous, y'avait 3 petites ado qui jubilaient, elles ont applaudi a la fin, elles m'ont fait marrer. Bizarrement, les mecs semblaient moins hilares. Moi j'ai vraiment aimé l'évolution de l'héroïne qui découvre et apprend à contrôler son pouvoir de castration et qui, à la fin du film, est devenue une toute autre jeune femme, elle devient une prédatrice. Et c'est là peut être la vision masculine du film, une femme ne l'aurait peut être pas traité comme ça. Par contre, je trouve vrt que les mecs ds ce film st présentés comme des obsédés-violeurs-menteurs-malades mentaux... et c'est un peu too much.
bref ce film est une parodie de genres sur fond de déprime sévère.

BF

Les gouinettes poltronnes a dit…

Hé pis hé, t'arrêtes de m'appeler boutchy!! ça me rappelle ma défaite et j'aime pas perdre!

Dirty a dit…

nan