27 nov. 2008

Lover Transit




J’en ai pris des bateaux, des trains, traversé des villes et des pays. J’ai parlé à des gens dans des langues étranges et mélodiques, mangé des bureks et bu de la tsoica, transité dans des endroits hostiles où ta peau frémit sous les regards, et d’autres où ton émoi éclot et fleurit de l’instant et des gens. Il y a des endroits qui nous construisent. Comme St Nazaire.


Mon accordéon en bandoulière, j’ai posé mon sac à dos à St Nazaire en décembre 2004. Il pleuvait, j’avais le blues, le jour n’était pas encore levé. Je suis arrivé par le train. C’était ma première dans cette ville. Ce matin là, le monde m’était métallique et coupant. Il me semblait inconcevable de poser mes bagages ici, dans cette ville. J’avais envie de beauté déclarée, de grands axes et de foule, du clinquant et du hype. J’avais envie de Nantes. Mais j’étais là, dans cette gare. Alors j’ai trouvé une piaule et j’ai été écouté ce que cette ville avait à dire.


J’ai traîné au café du port, au Petit Maroc, photos de boxeur au mur, gouailleurs au comptoir.


J’ai regardé les tankers s’éloigner et imaginer leur destination : Istanbul (où j’ai observé les mêmes bateaux arrivés sur le Bosphore), Amsterdam ou Alger ?

J’ai flâné sur les plages et senti mon corps chaud au soleil estival. J’ai aimé le sel dans mes cheveux et sur tes lèvres aussi.



J’ai écouté des musiques, au Vip, dans les bistrots et aussi dans la rue, le célèbre accordéoniste de St Nazaire sur le devant de la scène !


J’ai écouté en moi palpiter et vibrer cette ville, éclairée des chantiers et des cheminées géantes de la raff. J’ai trouvé la beauté dans ces murs de béton, ces ambiances industrielles.


Enfin, j’ai parlé et ri. J’ai rencontré des gens. Et écouté leurs mélodies. Beaucoup m’ont ouvert leur porte, je les en remercie. Les gens sont des lieux aussi où on se réchauffe et où on s'abrite mutuellement.


Je ne voulais plus vivre à Nantes. Trop hype, trop évident, trop de monde, trop d’axes.



Après 4 années, je suis repartie de St Nazaire, mon cœur amoureux, vers Elle. Il faisait très beau ce matin là et j’avais le cœur gros. Je suis retournée à la gare avec mon sac à dos et mon accordéon. J’ai regardé une fois encore ce bateau surréaliste qui dépasse de la ville, là-bas, au bout des rails, comme une promesse de voyage.

Je suis montée dans le train, un billet retour dans la tête.




Pédée Sexuelle

10 commentaires:

Anonyme a dit…

Moi aussi, j'ai bu de la tsoïca, poua, ça débouche... j'ai pas bien senti la prune seulement l'alcool à 90° !! Je m'égare...
Gigi

Mademoiselle Gecano a dit…

C'est que ça donne envie de découvrir toutes ces belles choses que tu dis :)

ash a dit…

J'admire les femmes qui partent par amour.

Anonyme a dit…

Me fait penser à la chanson "Sur un prélude de Bach" par Maurane ton blues de St Nazaire. Bon dans la chanson ça parle du Havre, mais c'est le même esprit.
Très tendre :
http://www.youtube.com/watch?v=LadJeS310kc

Leïla a dit…

Superbe, Pédée Sexuelle, ton chemin amoureux ... merci !

Anonyme a dit…

merci à vous toutes et tous pour vos commentaires sympas !! Allez passer des vacances là-bas !!

Anonyme a dit…

Double chapeau pour ce post : je n'aurais jamais imaginé qu'on me donne un jour l'envie d'aller voir Saint-Nazaire ...

Anonyme a dit…

pour un peu il y avait du visconti ,première image de" mort à venise", dans ton post. Bravo mamzelle...

Anonyme a dit…

la première image du film ? tu parles de la photo de mon post ou de mon texte ? j'ai pas vu le film !

taelhina a dit…

merci, moi qui suis nazairienne je ne peux m'empêcher de te remercier pour avoir vu par delà les tristes rues de cette ville carrée.