30 janv. 2008

No-Homo-Land

De toute mon enfance, je n’ai jamais entendu parler d’homosexualité dans ma famille. Elle n’existait pas. Je ne crois pas que mes parents étaient homophobes ou que l’homosexualité était taboue, je crois vraiment qu’elle n’existait pas. Parce qu’on ne peut pas avoir peur ou éviter de parler d’un sujet qu’on ne conçoit pas. Pour moi donc, l’humanité était une et indivisible, les choses semblaient claires : les femmes couchaient avec les hommes et les hommes avec les femmes. Il n’y avait pas d’autres options possibles. Tout le monde était hétéro comme tout le monde était humain, sauf peut-être Hitler et Michael Jackson mais ce n’est pas le sujet. Ce n’est que beaucoup plus tard que j’ai commencé à comprendre que si j’étais amoureuse des filles et que j’avais souvent envie de leur toucher les seins (pas de toutes les filles je vous rassure, seulement de celles dont j’étais amoureuse – à l’époque), c’était peut-être parce que j’étais lesbienne. La connexion a mis un peu de temps à se faire. J’ai alors commencé à entrevoir deux catégories (hétéros/homos) mais le temps passant, mon système d’une catégorie humaine unifiée s’est encore plus ébréché et j’ai compris q’il n’y avait pas deux mais 6 catégories, oui j’ai bien dit 6 catégories:

- les hétéros
- les homos qui n’ont jamais été et ne seront jamais attirés par une personne de l’autre sexe
- les bisexuels, qui aiment indifféremment les leurs et les autres
Mais aussi :
- les bisexuels à tendance homo, qui préfèrent les gens de leur sexe mais qui à l’occasion s’envoient en l’air avec quelqu’un du même sexe qu’eux
- les bisexuels à tendance hétéro, qui sont le pendant inverse de la catégorie précédente
- les asexuels qui n’ont aucune attirance pour personne et qui se sentent bien comme ça. (Un effroi tout à coup me traverse : et si, quand j’en aurai enfin fini avec mon penchant pour les hétéros, je me retrouvais soudainement irrésistiblement attirée par les asexuelles ? je me sens bien capable d’avoir ce don là : de repérer malgré moi une asexuelle dans une foule de filles et de, déraisonnablement, la draguer…On appelle ça un gaydar à l’envers. Je rajoute donc à la liste de notre premier post : Peur d’être attirée sexuellement par les asexuelles. Brr, j’en frémis et Dieu m’en garde).

Voilà pour la division sexuelle de l’humanité. Parce que j’aime les étiquettes, j’aime les définitions et j’aime les petites cases, je n’y peux rien. J’ai une tendance psychorigide au classement. Parce que c’est aussi en définissant les choses qu’on peut les transgresser et qu’on peut se donner la liberté de passer de l’une à l’autre case. C’est aussi comme ça qu’on se rend compte de l’inclassable et du flou qui est une richesse, un continent à explorer. Dans le no-homo-land de mon enfance, il y avait en fait une humanité complexe et variée et putain comme ça m’a rassurée !

Baby Dyke

4 commentaires:

Anonyme a dit…

ça me rassure de savoir que je ne suis pas la seule personne psychorigide de cette planete et le fait que tu l'assumes aussi pleinement me donne envie de revendiquer cet etat de fait de mon caractere et j'aurais aujourd'hui grace à toi quelques arguments et je suis ravie!MERCI!

Leïla a dit…

Tu oublies une catégorie: celles qui veulent qu'on leur foute la paix. Oui, elle existe et dénombre pas mal de personnes des 2 sexes. Même que parfois ces "qu'on me foute la paix" se croisent. Mais là, je ne sais pas comment on appelle cette nouvelle catégorie. Quelqu'un a une idée ?

Anonyme a dit…

Et si faire des catégories n'était qu'un moyen de comprendre ? D'analyser ?
Je crois qu'il faut le prendre comme ça. Etre psychorigide pour moi, ce n'est pas faire des catégories, c'est être incapable de les remettre en cause.

Les gouinettes poltronnes a dit…

c'est cool Anonyme, tu me rassures Marylou et moi, on n'est pas des psychorigides, on aime juste bien analyser les choses...Leïla je ne sais pas contre qui tu es en colère mais j'espère que ça va s'arranger...

Baby Dyke