22 janv. 2009

Le rock du balai



Ma meuf et moi, après avoir joué à la belle et à la brute («Oh ouiii sweet love, montre moi tes biceps que je meure d’amour pour toi, oh ma brute au cœur tendre…. » « OK baby, touches moi la banane and kiss me please, et je t’emmène faire un tour dans ma clio… »), nous jouons à un autre jeu également fort palpitant : Le mari et sa femme.


Là subitement, les rôles s’inversent. Ma banane débande, et hop, je me retrouve affublée d’un tablier avec des fleurs dessus, une poêle à la main, l’éponge dans l’autre. Elle, porte son manteau, son sac de boulot et sa petite gamelle que je lui ai préparée pour son midi. Elle m’embrasse et me souhaite une bonne journée en me tapant sur le cul et en me susurrant à l’oreille: « ma petite soubrette, j’aime quand tu t’actives ainsi dans ta cuisine et que tu me beurres une petite tartine avec amour… ». Moi alors avec mes yeux de biche, je lui dis de bien travailler et lui susurre à mon tour en m’accrochant à son cou : « rentre vite ce soir, je vais te préparer un petit plat délicieux et j’aurais aussi passé la serpillière, rien que pour toi… ». Tout ça est très très hot, je vous assure !!


Bon, ces petits jeux de rôle cocasses et caricaturaux, qui pimentent notre quotidien nous aident principalement à bien nous amuser mais surtout en fait, à pouvoir aborder des sujets chiants et périlleux de manière décalée et humoristique. Ce n’est pas toujours évident ces histoires de rôles, de qui se retrouve à faire quoi, et pourquoi est ce ainsi, et est ce que c’est normal que ce soit ainsi ?!! Cela nous permet de remettre en cause nos petits carcans, ces petites places étriquées dans lesquels nous nous mettons nous–mêmes et aussi parfois avec le concours de l’autre. C’est le danger du schmurtz. Chacun à sa place et les vaches seront bien gardées. Merde, non, je pense que E. et moi, on flippe grave de ça, alors on théâtralise le bordel pour le dédramatiser, pour pouvoir en parler, telle une séance de théâtre-forum intime. D’ailleurs, en ce moment, je suis surnommée Zlata la roumaine, vu que je fais souvent la bouffe car E. est crevée quand elle rentre du taf, et je passe aussi l’aspirateur et que c’est moi qui gère les courses et les lessives. Je ne bosse pas et passe mes journées à la maison. C’est le revers de la médaille. Il faut savoir que Zlata passe aussi 30 mns chaque matin à boire un café fort, en écoutant France Inter, le chat tendrement installée sur mes genoux et en fightant tout ce qui bouge avec ses petites brutes love. C’est un moment fort agréable et intemporel ! Je me délecte de cette inactivité, de ce non-rendement, de cette futilité matinale. Zlata aussi, dans la journée, fait une petite sieste en matant un épisode de Desperate Housewives, voir deux, et aussi, des fois, elle joue au backgammon et fait de la guitare, se promène, parfois se fait chier, parle au chien et au chat qui la regardent de leurs petits yeux amoureux !!!


Tout ça pendant que E. œuvre courageusement mais péniblement pour la fonction publique. Le soir, elle est naze, le matin, elle est naze, elle grogne que le travail c’est de l’esclavagisme, que travailler 5 jours sur 7, c’est de la torture, que la vie est inhumaine, en plus pour gagner des clopinettes, qu’elle rêve d’être une Zlata à la maison, de me préparer des plats, de passer sa journée à passer l’aspiro et gratouiller les bestiaux en matant des films pendant que moi, j’irais trimer pour rapporter des croquettes à la smala. Et le comble, c’est que moi, en ce moment, malgré mon aversion profonde et ma pathologie révulsive face au salariat et au marché du travail, je serais assez ok pour aller bosser un peu quand même, et sortir le nez de mes casseroles. Mais rien n’est parfait, comme vous pouvez le constater.


Bref, tout ça pour dire, que c'est pas toujours évident la vie de schmurtz, que ça demande sans cesse de savoir se remettre en cause, d'être attentive à l'autre, d'essayer de s'améliorer, de faire des concessions sans s'oublier et sans rancune aucune, d'inventer sans cesse sa relation à l'autre, d'être vigilant tout en étant naturelle et simple !! eh oui, un vrai challenge !! Un vrai boulot à plein temps...!!


Bon, je vous laisse, faut que j'aille vider le lave-vaisselle et ranger la chambre....et me gominer ma banane-crête....!!

Pédée Sexuelle

5 commentaires:

ash a dit…

J'adore ce texte. J'ai vécu une expérience similaire, et selon moi ce texte touche du doigt des choses importantes dans les relations lesbiennes. La question est de savoir si quand on est Butch on ne veut pas du monde du travail ou n'est ce pas plutôt le monde du travail qui nous discrimine. Faites attention les filles parceque ce genre de déséquilibre peut dégénérer et on y peut perdre l'amour de sa vie... (J'en sais quelque chose). De plein coeur avec vous, accrochez vous, vous allez trop bien ensemble!!

Anonyme a dit…

En plein dans l'mille !
Hurlant de vérité ce texte !
Et ô combien... vécu.

Anonyme a dit…

comment j'ai trop rigolé.. "Zlata la roumaine".. =) vous etes mignonnes!!
bisous a vous 2

Anonyme a dit…

merci pour vos comm les filles ...je vois que ça fait écho !! des biz

Anonyme a dit…

Je trouve ça classe que vous puissiez prendre les choses de cette maniere ...perso jouer à la menagere ça m'a souvent rapidement fait devenir hargneuse revencharde et j'en passe..mm si parfois j'apprecie ces moments c'est seulement si je vis seule...et donc dans l'obligation de tenir la maison seule...à partir de deux je deviens drolement plus exigente et voir chiante sur ce theme...
Bon courage à vous et plein de beaux scenarios à vous!